L’écologie, problème de riche ?

Dans ce second podcast, Emma Recco, directrice stratégie et développement IKEA France, évoque la stratégie et les engagements RSE d’IKEA, et de sa filiale française, souvent citée en exemple à l’échelle mondiale ; entre principes (pragmatisme, collaboration, conciliation avec le business…) et actions concrètes.

Une écologie pour tous, pas pour les riches

L’écologie ne doit pas être un luxe. Pour IKEA, l’enjeu est de rendre les choix durables accessibles au plus grand nombre. Les Français placent le prix avant la durabilité, mais sont prêts à changer si les produits écoresponsables ne coûtent pas plus cher. IKEA revendique un rôle de sensibilisation : 300 000 visiteurs en magasin/jour, 3 millions sur le site – en toucher même 5 % est significatif.

Un engagement historique… renforcé

Emma Recco a gravi les échelons chez IKEA depuis 1992. Elle rappelle que si on ne parlait pas de RSE à l’époque, la lutte contre le gaspillage était déjà dans l’ADN de l’entreprise lors de sa fondation il y a 50 ans. Depuis 10 ans, l’accélération est nette, portée par les transitions numérique et environnementale qui bouleversent les modèles. IKEA vise –50 % d’émissions d’ici 2030 (vs 2016) et zéro émission nette en 2050. Les plus gros postes d’émission : matières premières, transports, bâtiments. Le modèle de capitalisation du groupe, qui appartient à une fondation, permet des investissements de long terme.

Innovations concrètes : logistique et produits

Exemple phare : à Paris, IKEA livre via bateau sur la Seine, couplé à des camionnettes électriques. Une première mondiale pour le groupe, dont 60 % des ventes se font désormais en ligne. Un entrepôt dédié à cette logistique fluviale a vu le jour à Gennevilliers, un autre est prévu. Chaque jour un bateau permet de livrer 350 clients parisiens.

Les produits sont aussi de plus en plus éco-conçus : matelas avec 80 % de matières recyclées, aluminium à 80 % recyclé, coton responsable, développement du bois…. D’ici 2030 : 100 % des produits seront éco-conçus. Pour cela, la firme investit : en France, son 3e marché mondial, elle possède notamment une usine de recyclage de matelas. IKEA assume un modèle de volume mais veille à la durabilité des produits (ex : cuisines conçues pour durer).

Ce sont parfois des idées pragmatiques, de bon sens, comme l’utilisation de l’eau de pluie dans les sanitaires mais aussi des investissements lourds dans la décarbonation des bâtiments : ombrières et végétalisation des parkings, notamment.

Pas d’arbitrage, mais des choix équilibrés

Pour Emma Recco, accélérer n’est pas forcément aller plus vite, mais tenir une feuille de route claire et avancer avec constance, avec des indicteurs objectifs. Soutenu par la volonté de son CEO, pour lequel « c’est faire du bon business qu’être un bon business », IKEA ne choisit pas entre rentabilité et impact : l’ambition est de trouver des solutions gagnant-gagnant. Les collaborateurs jouent un rôle majeur dans cette progression, avec par exemple un réseau de magasins « fresqueurs du climat ». Le groupe valorise le travail collectif, la fierté de réussir ensemble. Avec la conviction qu’on n’embarque pas avec des discours catastrophistes, mais en célébrant les succès collectifs.