La CSRD pourrait être perçue comme un fardeau réglementaire, mais les entreprises la voient comme une opportunité stratégique

Dans l’univers en mutation du reporting de durabilité, la directive CSRD s’impose comme un marqueur d’époque. Elle élargit le spectre de la transparence, introduit une standardisation ambitieuse et rebâtit les exigences de reddition de comptes. Si certains la redoutent, d’autres s’en saisissent avec méthode. C’est le choix d’Inetum, acteur majeur des services numériques, qui a fait de la CSRD un levier de pilotage stratégique. Leur démarche, partagée lors d’un atelier au One to One B.Better, illustre une autre voie : proactive, structurée et lucide.

Le déclencheur, chez Inetum, tient à un changement de gouvernance. L’arrivée de Bain Capital au capital et de Jacques Pommeraud à la direction générale a coïncidé avec une volonté affirmée : faire de la RSE un axe structurant, non périphérique. La mise en conformité avec la CSRD, plutôt qu’un objectif réglementaire isolé, est devenue le point d’appui pour refondre les priorités, formaliser les ambitions et renforcer les pratiques.

L’accompagnement par Bureau Veritas Solutions s’est construit en quatre temps. D’abord, un état des lieux approfondi : documentation, benchmark sectoriel et entretiens avec les parties prenantes internes et externes ont permis de cartographier les enjeux des principales filiales, en s’appuyant sur les fondamentaux de l’ISO 26000. Ensuite, la matrice de double matérialité a été élaborée de manière participative. En croisant les attentes sociétales et l’exposition financière aux risques et aux opportunités, Inetum a pu distinguer ce qui relève du stratégique de ce qui est secondaire, et ainsi structurer sa démarche RSE en conséquence.

Vient ensuite l’analyse d’écarts. Cette étape, souvent perçue comme technique, s’est révélée éclairante : elle a mis en évidence les lacunes de données, notamment sur certains indicateurs RH ou de performance environnementale. Un tableau de bord a alors été développé pour suivre les indicateurs-clés, assurer la cohérence des remontées d’information et anticiper les obligations de traçabilité à travers les différentes filiales.

Mais le cœur de la démonstration réside dans l’acte final : la publication anticipée, en 2025, d’un rapport de durabilité auditable. Bien que non encore assujetti, Inetum a choisi d’entrer dans la logique CSRD sans attendre. Ce rapport n’est pas un simple exercice de style. Il est devenu un outil opérationnel au service de la gouvernance et du dialogue avec les parties prenantes.

Parmi les facteurs de réussite, l’un des plus marquants reste l’intégration précoce du commissaire aux comptes. En travaillant de concert avec l’équipe projet, il a été possible de valider les options méthodologiques et de sécuriser la robustesse du dispositif. Ce niveau d’anticipation a permis d’aborder la phase d’audit avec sérénité, tout en consolidant la crédibilité du rapport et des engagements RSE d’Inetum.

La dynamique enclenchée par Inetum illustre une tendance forte de 2025 : la CSRD, loin de se limiter à un exercice réglementaire, devient une rampe d’alignement stratégique. Elle pousse à mieux prioriser, à renforcer la gouvernance RSE, à décloisonner les fonctions internes et à structurer la collecte de données de manière transversale. Elle offre aussi un nouveau langage commun avec les clients, les collaborateurs, les investisseurs et autres parties prenantes.

La trajectoire d’Inetum montre que cette transformation ne se décrète pas. Elle se construit, dans le dialogue, la rigueur et la transparence. Elle suppose de ne pas traiter la RSE comme un « à-côté », mais comme un levier de différenciation dans un monde où la crédibilité extra-financière devient centrale. En ce sens, la CSRD, si elle est bien intégrée, ne fige pas l’entreprise, elle l’ouvre.